samedi 1 juillet 2017

BOGHE ET SON HISTOIRE (du prof à la retraite Amadou Oumar Dia) (première partie)

     Boghé et son Histoire par Amadou Oumar Dia  Prof  à la retraite ( les Traces de l' Info)
Les Traces de L’Info     BOGHE ET SON HISTOIRE (du prof à la retraite Amadou Oumar Dia) (première  partie)
La Ville de Boghé, chef- lieu de la Moughata(Préfecture) et de la commune de même nom, est située à prés de 320 Km au Sud-est de Nouakchott, sur la rive droite du fleuve Sénégal, dans la partie Sud de la Wilaya (région) du Brakna.
Elle se compose de trois(3) quartiers appelés en Pulaar (fulfulde) BOGGE-Dow (en dow en Pulaar signifie haut, expression équivalente à « le haut de Boghé »), NOOLI (nioli), et Bogge- Les (prononcez  ‘less’, c’est-à-dire en Pulaar, expression équivalente à « le bas de Boghé »).
La ville de Boghé est comme sous deux  Noms, Dubaango(Doubango) et Boggee :
Dubaango : la tradition orale  locale (ancienne et datée) retient que c’est le nommé Dubaango Bellal Demmba Baawuura Aali Paate qui donna son nom à la butte de sable(Tulde) et aux deux villages qui y étaient implantés : à l’Ouest, Dubaango, ancien site de Bogge-dow, aujourd’hui disparu ; à l’Est, Tulde-Dubaango.
Boggee : dans le quartier de Bogge-dow, le Baobab (Adansonia digitata, bokki en Pulaar) poussait en abondance. Les habitants du village allaient cueillir (boggude) des fruits du baobab pour leur consommation, et enlever les écorces de l’arbre pour en faire des cordes (boggi). Le Nom de Bogge serait une altération du mot bogge (cueillettes des fruits de Baobab) ; les autorités coloniales françaises qui dominaient le pays jusqu’en 1960 l’ont transcrit Boghé.
BOGHE TELLE QU’ELLE FUT.
La ville de Boghé est au centre de la Zone traditionnelle dénommée la province Halaybe (située à cheval sur les deux rives  du fleuve Sénégal et comprenant  plus d’une quarantaine de villages), partie intégrante du Fuuta Tooro aujourd’hui partagée entre Mauritanie et Sénégal. De part sa position géographique dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal, à mis chemin entre le delta et le haut fleuve, de part sa fonction  de carrefour ou de relais  des voies de communication fluviale et terrestres entre, d’une part, le Sud, le centre et l’est Mauritaniens et, d’autre part, le nord du Sénégal (l’ile Amorphil appelée : Hakkunde Maaje « entre les fleuves », Boghé et ses environs ont toujours été un centre agro-pastoral, un centre commercial, et restent un véritable lieu de contacts, de brassages des peuples, de langues et de cultures
. La ville de Boghé fut surtout connue comme : un centre  culturel de notoriété internationale, des centaines d’écoles coraniques, des Mahadras étaient recensées à Boghé et dans les villages environnants. La plus importante  et qui contribua au rayonnement culturel de la ville et à la formation de plusieurs marabouts de vallées du fleuve Sénégal fut incontestablement  l’université plus connue sous le nom de Dudal Galle Saakoobe créée en 1950.  
En raison des compétences et des qualités de son  fondateur, Ceerno Aamadou Moktaar Saako (1867/70-1934), qui fut également Cadi de Boghé de 1905 à sa mort en 1934, cette université était appréciée de tout le monde et attirait des étudiants de tous les coins du pays et même de la  sous- région.
L’école primaire de Boghé : une des premières en Mauritanie fut créée en 1908.
Mais, elle ne fut réellement opérationnelle qu’en 1921-1922, grâce à l’œuvre du directeur africain qui la dirigea de 1922 à 1952, le Saint louisien  Ndiawar Sarr.   
Cette école a été une véritable pépinière de cadres  pour la Mauritanie indépendante.
Les activités culturelles et sportives telles que les cours de vacances, le théâtre, la musique, le basket ball, etc., les travaux d’utilité publique (investissements humains) y étaient régulièrement organisés. Ces activités retenaient si bien l’attention des jeunes  de la ville que  rares étaient les élèves ou étudiants qui passaient leurs vacances ailleurs à Boghé.
Un centre de recherches et de formation vétérinaires : pendant des décennies  et jusqu’à l’indépendance de la Mauritanie, et plus particulièrement entre les deux guerres mondiales, Boghé a abrité l’un des  deux centres  sous- régionaux africains chargés  de la recherche,  de la préparation de sérums et de vaccins, et  enfin de la formation du personnel vétérinaire de toute l’Afrique occidentale( le second centre était localisé à Dogondoutchi, au Niger ; les Abattoirs de Boghé, en relation avec ce centre, préparaient les viandes exportées vers la France, surtout durant les périodes des guerres  mondiales.
Un centre de Recherche  Agricoles : en 1910 un jardin d’essai a été créé à Boghé. Longtemps entretenu par les divers résidents de la subdivision qui se sont succédés dans la ville jusqu’à à l’indépendance du pays, ce jardin et les nombreux arbres flamboyants « aux grappes de feu »plantés sur le pont-digue, tout autour des digues et dans les rues et édifices publics contribuèrent à créer dans la ville un environnement ‘’ beau’’ et ‘’gai’’ comme le disaient certains poètes ou intellectuels natifs ou non de la ville.
Le secteur agricole de la ville de Boghé  qui s’intéressa depuis 1911 à la culture du riz sauvage qui était assez répondu dans la région de Boghé, eut la lourde tache d’introduire la culture du riz ’’ industriel’’ en Mauritanie, à partir de 1965 : les premiers essais pilotes eurent lieu sous sa conduite à Dar El Barka et à Bakaw, Weending localités  situées toutes à l’époque dans la Subdivision  de Boghé.
Une  ville en déclin : la ville de Boghé n’a pas beaucoup évolué durant les deux premières décennies qui suivirent l’indépendance du pays.
 Bien qu’elle demeurât pendant longtemps le chef- lieu d’une des subdivisions les plus peuplées  du pays (administrant la zone allant de Dar El Barka à Mbagne), elle resta sans infrastructures économiques et autres. Celles qui existaient déjà furent négligées, détruites et tombèrent en ruine : le dispensaire, le centre d’élevage, écoles primaires, le jardin d’essai, les archives administratives, etc.
A cela s’ajoute l’effet négatif des dissensions ou divisions internes des politiciens locaux. La ville a donc connu une longue période de déclin. Cependant, les activités culturelles y furent maintenues par la jeunesse.
Les traces de l’info  Diop  Mohamedou Abou dit HBodiel (Document du Prof  à la retraite  Amadou Oumar Dia en 2012)