samedi 14 janvier 2017

Entretien avec Mr Ngaidé Adama

14-01-2017 11:11 - Entretien avec Mr Ngaidé Adama

Entretien avec Mr Ngaidé Adama
Hebdomadaire- Mauritanoix - Vous avez suivi le dialogue national depuis les USA. Deux semaines au cours desquelles il a été question du changement du drapeau national, en passant par la suppression du Sénat, du Haut conseil islamique et d’autres institutions. Quelle analyse faites-vous ? 

Adama NGAIDE : Le pouvoir n'a pas dialogué mais il a soliloqué. Ce fût un autre véritable miroir aux alouettes. Une supercherie et un autre piège entretenu par les partis satellites, le pouvoir et ses collaborateurs.

Ce dialogue n’a ni été national encore moins inclusif. Il n’a pas été national pour la simple raison que les acteurs les plus importants et les plus représentatifs l’ont simplement boudé. Le pouvoir semble-t-il a invité certaines organisations et partis, vieille tactique pour « légitimer » le coup. Mais au-delà de ces poncifs bien compris, il est clair que ce « dialogue national inclusif » n’a été qu’un argument de plus qui conforte la position salutaire des boycotteurs. 

Ensuite, le dialogue n’a jamais été inclusif parce que les problématiques qui ont « droit de veto » n’ont pas été évoquées ou l’ont été de façon superficielle par des figurants.

Donc le dialogue dit national et inclusif qui s'est passe n’a été qu’une énième supercherie déployée pour se maintenir au pouvoir. En effet, à chaque fois que des menaces planaient, le régime, ses stratèges et son réseau de renseignement (qu’on retrouve dans la diaspora et au sein de l’opposition intérieure) s’offrent une stratégie « gagnante » évacuant, de facto, le plus important. Ici la menace c’est la « fin de mandat » d’un chef d’état qui, on se rappelle, avait déposé son candidat SIDIOCA. 

Or, l’inquiétude des mauritaniennes reposes sur un présupposé que personne ne peut contester : l’enracinement irréfragable des discriminations et des injustices. L’état mauritanien actuel est enlisé dans des problèmes énormes et des politiques hasardeuses et désastreuses que son élite majoritairement arabe s’évertue à faire passer via une dictature habillée en démocratie. C’est cela l’inacceptable. En conséquence si on devait appeler à un dialogue, il devrait être réel, réaliste et il devrait englober toutes les questions même les « plus fâcheuses ».

Hebdomadaire – Mauritanoix : Une partie de l’opposition qui a participé a cas-même objecté sur la question relative lorsqu’il a été question de déverrouiller les articles limitant les mandats. Quel commentaire à vous ? 

Adama Ngaidé : Personnellement je pense qu’il est un impératif l’opposition collaboratrice de regarder dans le rétroviseur pour comprendre l’ampleur des dangers qui guettent la Mauritanie. L’APP a depuis belle lurette opté pour la collaboration avec le pouvoir en place. 

C’est un parti qui recèle des hommes et des femmes de valeur que je me garde de nommer de peur d’en oublier certains. J’ai milite dans ce parti a l’époque de AC. J’avais beaucoup d’admiration pour son président jusqu’au grand virage: Soutien au candidat des militaires (SIDIOCA). Depuis lors je crois que l'APP a perdu sa crédibilité et son aura.......L'APP participe ces dernières années à consolider le régime aussi bien sur le plan psychologique que stratégique. Inséparables, Ould Abdoul Aziz et l’APP via son président semblent être des allies malgré la friction liée au mandat.

Il est clair que le régime, par le dialogue, a révélé sa politique de banalisation des injustices politique, économique, culturel, social qui fondent pourtant a raison d'etre de ce parti. Un dialogue qui ne fait pas de la question de la cohabitation une priorité n’en est pas UN.

Il est paradoxal de constater, que l’APP ne soit pas en phase avec la majorité sur les vrais contentieux qui bloquent le pays. Il y’a, on ne cessera jamais de le rappeler, une posture à prendre face à une demande sociale forte quant a la résolution des questions de fond qui sont à même de garantir la paix sociale. 

Et il est décevant de voir un parti qui a pourtant longtemps contribue a conscientiser une frange énorme de nos populations adopter ce profil face a un pouvoir qui ne recule pas devant les vraies problématiques. A mon humble avis l'APP ne peut jamais infléchir le chef de l'état si jamais il voulait violer la constitution, Le chef de l'état a toutes les ressources pour le faire.

Hebdomadaire- Mauritanoix :: Quelles sont ces ressources ?

Adama Ngaidé 
: C’est un secret de polichinelle ! Ce régime dispose de tous les moyens de coercition, d’embastillement et de répression pour imposer sa loi. Tous les préfets, gouverneurs et hommes de loi sont à ses ordres. Le pouvoir judiciaire et le pouvoir législatif sont inféodés au président. Personne n’osera objecter dans les arcanes du pouvoir à une quelconque violation de la loi fondamentale. 

Ils ont écrit la loi seul, ils la violeront seul et quand ils voudront, l’amenderont en fonction du climat qui prévaut à la présidence et ils l’appliqueront à leur guise. N’oublions pas les mairies, elles sont à 98% upérisés (de l’UPR). La vallée que je connais assez est a quasi 100% de maires UPR. L'est, L'ouest, le Nord du pays sont aux mains des membres de l’UPR. L’état se confond à ce parti. 

La justice, les deux chambres, toutes, sont aux couleurs de l’UPR et aux ordres du chef de l’état. De grâce ne me dites pas que l’APP est capable d’infléchir quoi que ce soit sur cette question du mandat. Messaoud et l'APP n'y pourront absolument rien. Avoir boude le dialogue pour cette question c'est juste Ha wiyee Boy laawii Nay.............Si l'APP voulait aider la Mauritanie et les mauritaniens, elle aurait du le faire en boudant SIDIOCA et en se rangeant derrière le candidat investi de l'opposition ...... 

Hebdomadaire-Mauritanoix :: A ce sujet le président a dit et à réaffirmer qu’il ne se représenterait pas. Donc cette question est cas-même évacuée. Non ? 

Adama Ngaidé : Omnipotent et militaire de formation il n’hésitera pas s’il devait le faire a mettre à profit toutes ces ressources, pour et par lui conçues, pour se donner une prolongation a la maison brune. Si jamais il se décidait à se maintenir, je dis et je pesé mes mots, il userait surement de toutes les ressources comme par le passe. 

N’oublions pas que c’est Ould Aziz qui a déposé SIDIOCA. C'est lui qui a dribble l'opinion nationale et internationale. A l’époque j’avais PRIS ACTE parce que membre de l’AJD/MR qui était l’unique parti qui ne s’est offusque outre mesure (à juste raison) de cette mise en scène appelée alors « coup d’état contre la légalité constitutionnelle ». 

Give me a break comme dissent les Anglo-Saxons. It was an ongoing game. C’était un véritable épisode de Hollywood ! L’opposition a couru les rues de Dakar, de New-York, de Paris et au finish le général s'est moque de toute la planète. il est encore là inamovible et confirmé par dans ses rôles exorbitants de rais. 

Est-ce que je souhaite qu’il respecte cette disposition particulière de la constitution, oui je le souhaite mais connaissant le fonctionnement de cet état, il faut s’attendre à la violation pure et simple de cette disposition. Et de surcroit il faut même s'attendre a des alliances rocambolesques avec des partis et organisations jusque insoupçonnés.

Hebdomadaire-Mauritanoix : Biram et ses camarades n’ont pas participé. Pourquoi selon vous?

Adama Ngaidé : Leur absence du dialogue me semble être en cohérence avec les idées qu’ils défendent. Le combat mené contre l’esclavage et le racisme les soustrait de facto de cette messe politique. Et c’est à leur honneur. 

Hebdomadaire- Mauritanie : La Mauritanie occupe le 13ème rang dans le monde arabe et le 128 dans le monde, selon l’indice de liberté économique. L’indice de liberté économique, créé depuis 1995, concerne 187 pays et tient compte de plusieurs indicateurs pour déterminer cette performance.
Adama Ngaidé: Je suis étonné que notre pays occupe le13ème dans le monde arabe et le 128 dans le monde. Cette « performance » renseigne-t-elle sur les réalités de notre pays ? Si cet indicateur est construit sur la base de critères objectifs que sont, entre autres, la liberté d’entreprendre, l’absence de coercition, l’assouplissement des procédures, le recul de la corruption, circulation de biens et de services……alors notre pays devrait occuper le bas de l’échelle.

En effet pour assurer convenablement ces différents critères un pays a besoin d’une structure étatique stable, un état de droit régit par des règles et qui garantirait le droit fondamental vitaux à ses populations mais aussi surtout la protection de ses droits. C’est John Kenneth Galbraith qui disait que toute puissance économique a besoin de fortes institutions pour s’établir et se perpétuer. Rien que le facteur corruption, la Mauritanie est l’un des leaders et cela est visible.

C’est dans notre pays qu’un homme d’affaires qui, à cause de pourboire, s’adjuge des marchés publics dans des secteurs captés par des familles, des tribus exclusives. Et les conséquences sont là, on réceptionne des infrastructures défectueuses, des ouvrages moribonds dont la maintenance est couteuse. La coercition des populations est une donnee connue en Mauritanie où pour entreprendre dans n’importe quel secteur il faut absolument justifié de relation solides avec les milieux maffieux (économiques, juridiques, politiques et meme religieux).

Un simple appel téléphonique aura suffi pour nos entrepreneurs pour bâtir une ONG, un bureau d’études ou un business dans le pétrole, l’hôtellerie……C’est pourquoi je suis surpris par cette « performance ». La prépondérance de la corruption devenue systémique par l’état et ses institutions est de nature à sacrifier l’économie, le pays et ses ressources pour plusieurs générations.

Hebdomadaire- Mauritanoix : Et la diaspora bogheenne, ou en êtes-vous ? 

Adama Ngaidé
 : La diaspora travaille à son rythme. On avance très lourdement mais nous avons cas-même entrepris une action l’année passée dans le secteur de l’éducation locale notamment en octroyant des prix aux meilleurs élevés de notre commune sans aucune distinction. 

Nous projetons amplifier nos actions cette année Insha allah. Nous voulons absolument couvrir tous les secteurs et nous envisageons travailler avec tous les opérateurs (Politiques, culturels, sociaux) car a la FEDICOBE, nos divergences politiques réelles sont classées autant que l’on peut. Il est clair que la ville de Boghe a besoin de ses filles et ses fils. 

Au sein de la FEDICOBE nous sommes unis pour servir BOGHE et quand je dis Boghe c’est toute la commune sans aucune exception. En 2017, on projette massifier l’association (FEDICOBE) parce que nous comptons sr nos propres revenus d’abord. Tous les investissements encourus sont financés par nos contributions et nous entendons mener une campagne pour faire adhérer les bogheens a cette idée. 

L’éducation sera en 2017 notre focus et nous allons investir des moyens pour encourager nos frères, nos sœurs à, non seulement aller à l’école, mais faire de l’excellence leur objectif. Il est normal de bouger et surtout de fédérer autant que possible mais dans une societe il y’a toujours des gens qui ne trouvent pas toujours leurs interets ou qui ne reconnaissent pas toujours dans ce que les autres font. Et comme je l’ai dit plus haut la diaspora biogène n’est pas homogène. Elle est foncièrement hétéroclite dans tous les sens et il faut faire avec.

Je suis de ceux qui pensent que les bogheens doivent travailler ensemble et coopérer avec les pouvoirs locaux décentralisés mais dans une formule de partenariat d’intérêt public et non pas dans une dynamique au service d’agendas politiques, familiaux et/ou de classes sociales supposées. Nous devons travailler pour éviter, d’une part de reproduire les erreurs volontaires ou involontaires commises par nos ainés et éviter de jouer le jeu des clans et d’autres factions de toute sortes. Je crois que la solidarité commence par relever le défi de l’organisation et de l’excellence en se projetant sur la durée et dans l’intérêt strict de la ville de Boghé. Nous avons d’excellents rapports avec un pool de professionnels du secteur pour mieux concevoir nos activités.

Hebdomadaire- Mauritanoix : votre dernier mot ?

Adama Ngaidé : Je te remercie de m’avoir donne cette opportunité pour m’exprimer. On en a fortement besoin. Puisse Allah guider les meilleurs parmi nous pour sauver la Mauritanie.

Propos recueillis par Albert camus Diop


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