vendredi 16 décembre 2011

Rencontre avec la compagnie de danse Massala


 

MT
 

Rencontre avec la compagnie de danse Massala

StarAfrica va à la rencontre de la compagnie Massala et de son fondateur Fouad Boussouf.


Pourriez-vous vous présenter aux internautes de StarAfrica ?



Je m’appelle Fouad Boussouf, je suis chorégraphe de la compagnie Massala qui est domiciliée dans le Val-de-Marne et qui existe depuis dix ans. Nous avons produit cinq créations au total. La compagnie Massala a pour identité la danse et plus particulièrement la danse hip hop, même si je ne fais pas appel qu’à ce style de danse au sein de mes créations.





Qu’est-ce qui vous a poussé vers la danse ?



Je suis originaire de Romilly-sur-Seine dans l’Aube. J’ai commencé à danser durant mon adolescence comme beaucoup de gens en cumulant d’autres activités, le football par exemple. Au fil des rencontres avec des enseignants et des chorégraphes, j’ai persévéré dans cette discipline et j’ai eu un coup de cœur lorsque j’ai fait ma première scène.





Quand est née la compagnie Massala ?



Officiellement elle a été créée en 2001 avec le dépôt du statut juridique, mais c’est à partir de 2005 que les premières créations ont vu le jour.





Pourquoi avez-vous décidé de monter une compagnie de danse et d’ou provient le nom « Massala »?



« Massala », c’est simplement une histoire d’amour…

Il y a dix ans, quand l’idée m’est venue de créer une compagnie de danse, j’en ai parlé à ma compagne de l’époque qui était d’origine indienne. Quand je lui ai demandé son avis sur le nom que pourrait porter la compagnie, elle m’a suggéré « Massala ». C’est une sauce propre à la cuisine indienne, un mélange d’épices. Selon elle, c’est un nom qui me correspond car je côtoie toujours des danseurs qui viennent de divers horizons et que ma danse est particulièrement métissée. Même s’il y a d’autres groupes qui s’appellent « Massala » (en Inde notamment), j’ai quand même décidé de garder le nom pour cette histoire singulière.







Quel est votre style de danse et pourquoi avoir monté votre propre compagnie de danse ?



J’ai dansé pour plusieurs compagnies mais j’ai un tempérament indépendant avec une envie de faire changer les choses. Le meilleur moyen de faire bouger les choses, c’est d’être son propre chef. En tant que chorégraphe, on est sûr d’avoir cette liberté de créer.



 



Quelles sont les valeurs que vous souhaitez véhiculer à travers la compagnie ?



Ce sont des valeurs universelles de partage et d’échange. Via ces valeurs il y a une certaine forme de provocation aussi, sans être pour autant péjoratif. Je veux faire en sorte de toucher les gens, les rendre plus sensibles à certaines choses, les faire réfléchir, les questionner.







La compagnie propose t-elle d’autres prestations en dehors des spectacles ?



La compagnie Massala a deux volets très importants : la recherche chorégraphique et la formation. Dans le premier volet nous recrutons des danseurs qui sont issus du milieu hip hop, de la danse contemporaine et même du cirque. Le deuxième volet c’est une approche pédagogique importante à mes yeux, dans la mesure où j’ai l’envie de transmettre mon savoir, pour faire perdurer la danse mais aussi pour la faire évoluer.







Quelles sont les difficultés rencontrées lors de la création de la compagnie ?



Actuellement c’est difficile de faire vivre une compagnie parce qu’une compagnie est tributaire en grande partie de subventions publiques qui diminuent sans cesse.

C’est un gros challenge que de monter des créations qui coûtent cher, de faire vivre les danseurs et l’ensemble des autres collaborateurs artistiques. On se bat chaque jour pour le statut exceptionnel mais indispensable de l’intermittence du spectacle. Cela fait beaucoup de combats mais l’important c’est de faire les choses avec passion.







Vous êtes combien dans la compagnie ?



Il y a deux catégories d’employés. Pour l’instant il y en a un seul temps plein en  contrat aidé pour la partie administrative et le reste des salariés sont intermittents. Il y a des périodes où nous travaillons énormément et d’autres où il y a un peu moins de travail. Le statut d’intermittent permet d’équilibrer entre les temps de travail intenses et les temps plus calmes.







Quelles sont les actualités de la compagnie ?



Pour le moment il y a deux créations qui tournent. La première s’appelle Déviation. Quatre danseurs issus du cirque, de la danse contemporaine et du hip hop gravitent en extérieur autour d’une voiture. C’est une création qui se diffuse essentiellement entre le mois de mars et de novembre. Exceptionnellement elle sera adaptée en intérieur et présentée le 17 décembre prochain au Pôle culturel d’Alfortville.





La seconde pièce s’intitule A Condition. Elle date de 2011, elle a été coproduite par le Centre chorégraphique national de Créteil et d’autres institutions comme le Département du Val-de-Marne et  la DRAC Ile-de-France. C’est une création qui traite du conditionnement de l’individu dans son environnement. Celui-ci est lié au son, à la gestuelle, à sa façon de penser… La pièce explore toutes les relations qu’il peut y avoir entre chaque individu. On est sous une tension permanente durant 45 minutes. Cette tension est nourrie de regards, de formes, de présences, de déplacements sur une scène vide, sans décors ni accessoires.





Enfin, une pièce est prévue pour fin 2012. Elle se nomme provisoirement Arabité et traitera d’un thème d’actualité, le Printemps Arabe. J’aimerais parler des liens qui existent entre la culture arabe et ma culture de tous les jours. C’est un projet que j’aimerais mener avec le Maroc sous forme de partenariat avec des danseurs de là-bas et d’ici.





« J’ai été baigné toute mon enfance par les grands classiques de la musique arabe, entre le Maghreb et le Moyen-Orient. L’histoire mouvementée de cette région du monde si vaste et si riche de cultures m’interpelle. Je m’interroge sur la danse hip hop, son origine américaine avec laquelle j’ai grandi mais qui a toujours été soigneusement séparée de ma culture maghrébine et arabe. Je ressens dès lors ce besoin de faire rencontrer ces deux identités qui me composent par une pièce chorégraphique. » (extrait de la note d’intention d’Arabité)

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